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Julia : que vaut le premier album de la nouvelle protégée de Mylène Farmer ?

Elle est jeune, mutine mais possède une voix déjà affirmée et impeccable. Julia vient de sortir son premier album baptisé « Passe… comme tu sais ». Julia est la nouvelle petite protégée de madame Mylène Farmer. Vulgairement, on pourrait dire que Julia est la nouvelle Alizée. Entre mélodies farmeriennes, textes à double sens et silhouette ingénue, la jeune femme de 18 ans compte s’imposer avec son seul prénom.

L’aventure Julia commence il y a cinq ans. Devant son téléviseur, Mylène Farmer voit la toute jeune Julia, âgée de 13 ans, qui s’égosille sur « I will always love you » de Whitney Houston dans le télé-crochet « The Voice Kids » (oui Mylène regarde « The Voice Kids » c’est bon à savoir). Trois ans plus tard, pour fêter les 30 ans du tube « Pourvu qu’elles soient douces », l’icône dévoilait S.E.X.T.O produit par Laurent Boutonnat -son complice de toujours- et écrit par elle-même. On découvre alors une adolescente blonde au cheveux trop longs et aux yeux perçants, les lèvres mordues. Instantanément, on reconnaît la patte, les paroles ambiguës de la rousse mystérieuse et les sonorités de Laurent Boutonnat. Mais instantanément, on ne peut s’empêcher de celle qui a été repérée dans « Graines de Stars » de la même manière, vingt ans plus tôt : Alizée.

Julia, un copié-collé d’Alizée ?

Autant le dire, à peine j’avais fini ma première écoute de S.E.X.T.O en 2018 que le titre était déjà dans ma playlist. C’est un retour aux sons 90s/2000 qui tombe à pic lors d’un regain d’intérêt pour ces décennies dorées. Des synthés, des gimmicks « ba di dou di da » et un refrain dance léger qui ne se prend pas la tête. Les paroles sont quant à elles bien plus osées, avec parfois une double lecture : « Shot de tequila c’est moi / Au dévergondage, pas de règle pas d’âge ». Cette recette d’une mélodie pop acidulée, de paroles coquines chantées par une jeune fille en fleur a déjà été payante en 2000 pour Alizée qui faisait l’analogie entre le sexe et les gourmandises. Sur ce point, oui, Julia ne se détache pas beaucoup des sentiers déjà bien battus par la légende d’Alizée. Les fans de Farmer s’en donnent d’ailleurs à cœur joie pour comparer la brune aux cheveux courts et la blonde aux cheveux longs, surtout quand celle qui est aujourd’hui maman de deux filles vient créer la chorégraphie de celle qui prend sa relève.

Il faudra alors attendre le second single #mesuistrompée puis l’excellent « Passe… comme tu sais », sortis en 2019, pour se rendre pleinement compte du potentiel qu’offre Julia. Sa voix très mature, presque grave mais à la fois angélique, envoûte sur les mélodies magistralement précises de Laurent Bouttonat. Au fil des mois, Julia grandit physiquement et artistiquement pour finir par dévoiler le dernier single d’avant sortie de l’album, intitulé « Et toi mon amour ». Une chanson dans laquelle elle s’affirme, prend les rennes de la relation qu’elle vit, sur un son de guitare sèche et entraînant. Bien sûr on reconnaît ce qui a fait le succès de celles qui sont passées avant elle -et d’ailleurs tant mieux- mais l’univers de Julia se dessine méticuleusement pour aboutir sur le premier petit bijou qu’est « Passe… comme tu sais », son album.

Un bon album, mais pas de tube

Confinement oblige, le premier album de Julia a été décalé de quelques semaines. C’est donc le 19 juin que le grand public a pu découvrir ce que mijotaient la jeune chanteuse parrainée par Mylène Farmer et Laurent Boutonnat. Autant dire que j’ai saigné les 4 premiers singles et que j’avais hâte de comprendre l’histoire de cet album. Première écoute, le temps d’un trajet en vélib’ du 15ème à République. C’est bon, c’est étonnant, c’est kitsch parfois (ce qui est loin d’être une insulte) mais il manque quelque chose. Peut-être un refrain plus fort ? Peut-être une mélodie plus entêtante ? Pourtant « Baptême de l’air » -qui ne parle évidemment pas d’un voyage en avion- a tout d’un futur tube en puissance si elle est accompagnée d’un bon clip, idem pour « Même pas mal » ou le mignon « 9 vies ». Les balades, quant à elles, sont peut-être la vraie force de l’album. « My lonely day » est délicat, « La vie coule » est une bouffée d’air frais et « Mon héritage » gagne en puissance au fil des écoutes.

Je donnerais, alors, la note de 7/10 à ce premier album. Peut-être jeune (et en même temps Alizée n’avait que 16 ans lors de « Moi… Lolita ») et un peu quelconque, il gagnerait à être promu en télévision. Parce que oui, le réel problème de cet album c’est sa promotion désastreuse : inexistante. Ce qui fait que le nombre de vues des vidéos de la jeune fille reste au ras des pâquerettes quand elle pourrait bénéficier de l’aura de Mylène Farmer. Peut-être cela viendra. Laissons-lui du temps.

Chromatica : le come-back de la bonne vieille Gaga

Cette nuit, Lady Gaga a livré au monde son sixième album baptisé « Chromatica ». Si ces dernières années, la Rah Rah Bitch a exploré de nouveaux domaines avec un album de jazz soporifique, un album de folk dédié à sa vieille tante décédée ou un Oscar brillamment remporté, ici, on est de retour aux bases. De la pure pop qui fait danser. Dieu sait qu’on en a besoin.

En février dernier, Lady Gaga dévoilait le premier single de ce qui s’annonçait être sa nouvelle era. « Stupid Love », bouillabaisse électro-pop aussi efficace qu’énervante, ouvrait la voie au sixième album de la chanteuse de 34 ans. Métamorphosée en power-ranger rose latex, la star parcourait une planète colorée inconnue pour répandre la joie et l’amour à coup de chorégraphie millimétrée. Oh oui, on le sentait venir le message ultra-positif de l’artiste qui a, à présent, tout accompli. En plus de dix ans, Gaga a réussi à conquérir le titre ,qui paraît aujourd’hui si difficile à obtenir, d’icône. Des albums légendaires, des hymnes intemporels comme « Bad Romance » ou « Born This Way » et une carrière au cinéma couronnée de succès… Qu’a-t-elle encore à prouver ? Plus rien. Juste à contenter ses Little Monsters si fidèles et se faire plaisir. Alors après des albums et des années bien éloignées des dancefloors, ses fans s’impatientaient et protestaient presque pour que la grande Gaga fasse son retour avec un album dans la veine d' »Artpop » (injustement laissé pour compte) ou « The Fame Monster »… « Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour faire danser et sourire le monde », déclarait la star dans les colonnes de « Paper ». Pari réussi.

Clairement la direction musicale de « Chromatica » se dessinait lorsque la pochette de l’album a été dévoilée – une Lady Gaga mutée en combattante cyberpunk aux cheveux roses- puis lors de la sortie de « Rain on Me » en featuring avec la lolita du moment Ariana Grande. She’s back to basics, et ça fait du bien. Ce jour, un article nauséabond (il faut le dire) est sorti dans un célèbre magazine féminin que je connais bien. La journaliste se pose la question de : pourquoi Lady Gaga a-t-elle besoin de retourner à ses extravagances alors qu’elle est, je cite : « désormais une grande dame respectable et qu’elle n’a plus besoin de se teindre les cheveux en rose pour se faire remarquer ». Plus loin, elle se demande si Gaga n’est pas atteinte du syndrome de « la femme laide » : « une femme consciente de son visage ingrat et qui le fait oublier par un look très excentrique et un maquillage utilisée comme une peinture, ou un masque ». Mysoginie et « Ok, boomerisme » puissance 1000… Je rappellerai simplement que Lady Gaga a eu un impact colossal et unique autant sur le monde de la musique que sur le monde de la mode. Alexander McQueen, Versace ou Balenciaga… Ses excentricités ont permis de raviver une créativité perdue dans la fashionsphère. Et merde, heureusement qu’à 34 ans on a encore le droit de se foutre des perruques rose barbie.

Un album cinématographique et tellement pédé

Bref, dans la nuit de jeudi à vendredi, l’album est sorti. J’ai attendu jusqu’au matin avant de l’écouter dans les parfaites conditions. J’appuie sur play et là, je comprends. Nous sommes transportés sur la planète Chromatica avec un prélude digne d’un film de Luc Besson. On démarre par Alice, un tube en puissance généré pour les clubs queer et nourri par des sonorités à la « Freed from desire ». La chanteuse fait référence au conte de Lewis Caroll « Alice aux pays des merveilles », et confère un superbe début d’album comme la chute de la petite fille dans le trou du lapin. Le reste du voyage va déménager. On enchaîne avec les deux singles déjà connus qui fonctionnent parfaitement dans la logique du disque. Puis arrive « Free Woman », et on se rend compte de l’inégalité de l’album, mais ce titre un peu faiblard est rattrapé par « Fun Tonight ». Un titre intriguant et plutôt linéaire dans lequel on décèle enfin une partie du message bien plus profond qui réside sous les paillettes de « Chromatica ». Elle y confronte ses proches, plus intéressés par sa célébrité et son statut que par son bien-être psychologique. La santé mentale, un des nombreux combats de Lady Gaga, est également traité dans l’explosif « 911 ». On se rend compte alors que l’album est bien plus profond qu’il n’y paraît. Avec sa construction si particulière -il y a 3 interludes, comme pour annoncer 3 chapitres- cet opus s’annonce comme un long-métrage de science-fiction allégorique.

On ne peut s’empêcher de penser également que la Mother Monster a construit cet album survitaminé et tellement queer -notamment avec son duo avec le mythe Elton John ou le groupe coréen de kpop Black Pink – comme une métaphore de la communauté LGBTQ+ : joyeuse et extravagante en apparence pour cacher des blessures intérieures liées à la discrimination.

Elle l’a joué safe

Bien sûr, tout n’est pas tout rose contrairement à la couleur prédominante de l’album. Oui, Lady Gaga a joué la carte de la facilité avec des sons ultra (trop) efficaces. Pas d’énormes claques sonores et peut-être un manque de recherche ou de créativité. Celle qui nous avait habitué sur ses premiers disques à des ovnis musicaux, ici, la chanteuse proposent des tubes qui se ressemblent parfois un peu trop.

Ma note : 7,5/10

En guerrière amazone dopée aux néon lights et aux tubes eurodance (et qui aurait peut-être écouté trop de David Guetta ?), s’offre un retour triomphant. A coup sûr, « Chromatica » trustera les premières places des charts dans les semaines à venir. « Babylon », « Sour Candy », « Replay » et « Rain on me » sont les locomotives de l’album et auraient rapidement joint les playlists des clubs gays du monde entier s’ils étaient ouverts. A l’inverse « Free Woman », « 1000 doves » et « Plastic Doll » figurent comme des chansons qu’on aurait placé là pour combler les vides de « Chromatica ». Encore une fois, les interludes apportent réellement une plus-value au disque, le rendant plus spectaculaire. Si Gaga avait tweeté ironiquement, en fin d’année dernière, qu’elle ne se souvenait pas de « Artpop », elle a pris le meilleur de cet album pour élaborer ce sixième opus. Je suis heureux de retrouver la bonne vieille Gaga qui m’avait tant fait de bien lors de mes jeunes années. Longue vie à la mère des monstres.

Pourquoi c’est iconique #2 : La Star Academy, génération de rêve

« La musique, oui, la musique, tu le sais sera la clé de l’amour, de l’amitié »… Si tu t’es déjà égosillé sur cette chanson, cet article est fait pour toi. Je vous parle d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. En 2001 c’est le raz-de-marée sur TF1. 16 apprentis chanteurs – 16 branleurs littéralement – sont sélectionnés pour intégrer ce qui deviendra l’une des émissions les plus cultes de la télévision : « Star Academy ». Presque deux décennies et une crise sanitaire plus tard, le programme fascine encore.

Des semaines que la France entière est confinée, je ne vous apprends rien… Mais un phénomène est observé à mesure que les longues journées enfermées s’accumulent. Une nostalgie des nos jeunes années -dixit le sosie de Plastic Bertrand de 23 ans- par le retour en premier lieu de la saison emblématique des Anges 5 sur NRJ12. Cette saison légendaire de 2013 s’est vue reprogrammée en urgence pour remplacer la saison 12 en panne de nouveaux épisodes. J’avais 16 ans et j’admirais chaque soir Nabilla et ses extensions crasseuses s’engueuler avec Capucine Anav armée de son headband. L’âge d’or de la télévision, vraiment.

Quelques jours plus tard, c’est un autre come-back -et non des moindres- qui tire encore sur ma corde sensible. En ouvrant Youtube, que vois-je ? Le petite tête chevelue et le visage lisse de Nikos Aliagas qui présente la première saison de Star Academy. Endemol, la société de production, a fait un joli cadeau aux confinés mélancoliques en le mettant en ligne. Je clique donc, sans attendre, et là… Shot intense de plusieurs émotions. De l’euphorie, au « ha oui je me souviens de ça » en passant par « où sont passées mes belles années ? »… Bref je mate le premier prime, puis le deuxième, le troisième… Je m’enfile la saison 1 comme une boîte de Pringles à l’ail. Et clairement ça a très, très mal vieilli. En fait, Star Academy est l’une des émissions les plus problématiques de ces vingt dernières années. Je vous conseille de lire ce très bon article écrit par ma collègue Elodie Petit sur ELLE qui décrypte toute l’homophobie ordinaire, le sexisme dégoulinant et la grossophobie décomplexée qui animait l’émission de bout en bout.

Oui, en 2001 on se demandait devant 10 millions de téléspectateurs si cette chemise ne faisait pas trop « pédé », on pesait les candidates en direct et on forçait les jeunes candidats à s’embrasser sur le plateau. C’était il y a 19 ans sur la plus grande chaîne d’Europe et là on peut se dire que les choses ont changé… Ou en tout cas ces idées sont plus masquées. Mais moi à cinq ans je ne voyais pas tout ça. Je voyais du rêve, des paillettes, les tenues trop tendances de Carine et d’Emma Daumas à chaque prime, les stars internationales qui venaient chanter avec les académiciens. Elton John, Tina Turner, Madonna, Britney Spears, Beyoncé, Mariah et Carey et Rihanna en marraines… Ça fait une belle brochette de saltimbanques.

Un vrai berceau de stars ?

La promesse de l’émission était de former de nouvelles stars de la chanson. Bon, là-dessus on repassera. Les candidats à avoir percer sur le long terme se comptent sur les doigts d’une main : Jenifer, évidemment la gagnante de la saison 1, Nolwenn Leroy pour la saison 2, Olivia Ruiz, Elodie Frégé la gagnante de la saison 3, Gregory Lemarchal… On a à peu près fait le tour. Et pourtant, à la sortie du château de Dammarie-les-Lys, les opportunités fleurissaient pour les jeunes prodiges. Il faut dire qu’avec des pics à presque 12 millions de téléspectateurs, les chanteurs en herbe bénéficiaient d’une jolie renommée. Ainsi Emma Daumas (ma pref’ vous l’aurez compris) sortira quatre albums dont deux avec succès, Houcine de la saison 2 chantera la chanson du Livre de la Jungle 2. Quant à Sofia Essaïdi, elle deviendra la muse de Kamel Ouali et incarnera avec brio la dernière reine d’Egypte dans la comédie musicale « Cléopâtre ». Carine de la saison 1 intégrera la désastreuse comédie musicale « Cindy » avant de tenter sa chance dans les Anges 3, Jean-Pascal vendra 1 million d’exemplaires de « L’agitateur » tandis que Jessica Marquez connaîtra un joli succès avec « Magdalena » une reprise de Julie Pietri. Et comment oublier Sofiane de la saison 4 qui vivra une éphémère love story avec Nabilla Benattia et lui écrira l’hymne d’une nation : « Dingue de toi »… Mais comme pour tout le monde, le plus dur c’est de pérenniser la gloire.

Un retour de la Star Ac’ ?

Alors que je suis donc en plein dans ce mood revival de mes années bonheur avec Nikos et toute la clique, je tombe sur un article du Parisien qui annoncerait un retour de la « Star Academy ». Mon coeur fait bim bam boum comme dirait l’autre, plein d’espoir quant au retour de l’émission phare. Alors, est-ce possible ? Et bien il semblerait que la production travaille tout d’abord sur un prime événement unique pour fêter les 20 ans de l’émission en 2021. On y retrouverait des candidats marquants, des magnétos bonne rigolade et des prestations live. Mais ce qui nous intéresse surtout, c’est de savoir si il y aura une 10ème saison de la Star Academy (doit-on vraiment compter la saison 9 bon marché d’NRJ12 ?).  » Nous travaillons sur différents programmes autour d’une Star Ac nouvelle génération, annonce Vincent Panozzo, le directeur des programmes et de la création et du développement du groupe Endemol Shine. L’année prochaine, c’est l’anniversaire des 20 ans, ça se fête. Je suis persuadé qu’un jour, l’émission reviendra, car elle fonctionne par cycle. Il y aurait toujours ce côté apprentissage et aussi de grands primes avec des lives ». Ça semble en effet sentir bon le retour de la Star Ac’ alors… Mais attention ! On pose nos conditions : on veut queen Armande Altaï pour les cours de chant, l’indétrônable Kamel Ouali pour la danse, l’intraitable Raphaëlle Ricci pour les cours d’expression scénique et le meilleur pour la fin… Alexia Laroche-Joubert derrière le bureau de directrice. C’est ça, ou rien. Ah et le générique original « Run, baby, run » pas l’espèce de soupe de Bob Sinclar.

« Pédé », « gouine », « tarlouze » : d’où viennent ces insultes homophobes ?

Le 3 avril 2007, Matteo, un jeune italien de 16 ans, se défenestre en laissant ce message à sa mère: « Maman, ils me traitent de pédé, mais ce n’est pas vrai. » Ce drame est loin d’être isolé. En effet, selon différentes études, les jeunes homosexuels seraient 4 fois plus susceptibles de se suicider que les jeunes hétérosexuels. Au Canada, c’est d’ailleurs la première cause de mortalité chez les hommes homosexuels et bisexuels. Un fléau. « Pédé », « sale gouine », « grosse tarlouze »… Des insultes, presque rentrées dans le langage courant et banalisées, qui emportent encore des vies. Les mots ont un sens et un impact. Il est donc important de réfléchir avant de les employer, même si « c’est pour rire » et même si (ma préférée) : « on ne peut plus rien dire ».

Savez-vous combien de fois a été proférée, sur Twitter, l’insulte « pédé » aujourd’hui jeudi 30 avril 2020 ? 1990 fois, comme le comptabilise le site NoHomophobes.fr (cliquez, ça vaut le coup). Il serait alors intéressant de se pencher sur l’origine de ces mots dégoûtants, de les déconstruire, pour comprendre pourquoi ils sont reliés à la communauté LGBTQ+. Et pourquoi on en souffre encore. Ouvrez vos livres à la page 69, professeur Bobard Deliere va vous faire la classe mes mignons.

On n’est pas des « pédés »

Ce n’est pas pour faire pleurer dans les chaumières, mais d’aussi loin que je me souvienne j’ai toujours été traité de « pédé ». Ou de ses délicieux dérivés, bien sûr. Avant même que je ne sache précisément ce que ça signifie, je savais que ça m’était destiné. Que ça me décrivait. Et on est nombreux à la sortir quotidiennement cette insulte, hein. « Fais pas ton pédé », « c’est qui ce pédé », « c’est pas un cocktail de pédé » pour reprendre Camille Cottin dans « Connasse ». Et bien « pédé » est une déformation du mot « pédéraste ». C’est un terme qui désignait, à la Grèce Antique, la relation ambiguë qu’entretenaient un homme mûr et un jeune garçon. Ce terme couvrait bien sûr la relation sentimentale et sexuelle, mais également l’éducation. « Pédéraste » n’était en aucun cas une insulte et n’avait pas de connotation négative. C’est au XIXe siècle que le terme se diffuse largement en France, en prenant son sens d’« homosexuel » avec un sous-entendu d’amour pour les jeunes garçons. On est donc sur un pur amalgame entre l’homosexualité masculine et la pédophilie.

Et c’est en 1836 que le ravissant diminutif « pédé » fait sa grande entrée dans le langage courant. Un siècle plus tard, en 1935, son acolyte féminin « pédale » arrive également pour accentuer la négativité du mot. En 1972, c’est encore un autre diminutif qui est créé avec « ped' ». Ces termes auront alors tous le même sens : désigner des choses qui sont une atteinte à la virilité, les manières efféminées et évidemment les rapports entre hommes.

Aujourd’hui « pédé » est évidemment encore une insulte, mais la communauté arc-en-ciel se la réapproprie – comme les autres discriminations orales – comme moyen d’acceptation et de revendication. On peut notamment relever le cas de Kiddy Smile qui, lors de la fête de la musique de l’Elysée, portait avec fierté un tee-shirt : « Fils d’immigré, noir et pédé ».

God save the « gouine »

Nos soeurs lesbiennes et bisexuelles ne sont pas en reste niveau crachats verbaux. Le classique restant « gouine ». Si on retrace son étymologie, on découvre un tout autre sens que celui qu’on lui connaît malheureusement. Attention je vais mettre mes lunettes pour ce qui suit : « gouine » pourrait venir du latin « ganae  » qui désignent les lieux de débauche comme les bordels etc. « Ganeo » référerait, quant à lui, aux hommes qui fréquentent ces endroits sympathiques. Et ça fait sens. La première fois que le mot « gouine » et sa signification péjorative sont révélés dans le « Dictionnaire de l’académie française », c’est en 1762. Ça remonte les copines. On y lit : « GOUINE. Terme d’injure, qui se dit d’une coureuse, d’une femme de mauvaise vie. » La « gouine », à l’origine, est donc une prostituée qui arpente les bordels. C’est vers la fin du XIXème siècle que le mot prend son sens de lesbianisme dans les satires, les représentations littéraires grotesques etc. On peut également y trouver une origine dans le langage régional, notamment en breton puisque « gouhin » signifie « le vagin ». Après, je suis pas prof de lycée quoi.

T’es une « tarlouze » ?

C’est un classique, un peu old-school je dois dire. Mais la « tarlouze » reste un hit dans la bouche des homophobes. Et pour celle-ci, pas besoin de remonter aussi loin que ses confrères et consoeurs. Juste de prendre l’avion, direction le Québec. « Tarlouze » vient du mot québécois « tarla », qui est lui-même tiré d’un mot anglo-saxon : « tarlais ». What does it mean ? « Tarlais » désigne quelqu’un de niais. J’avoue que j’ai eu un fou rire en lisant ça. Par corrélation, le mot « tarlouze » s’est formé et référait ainsi aux hommes jugés faibles, féminins et donc… les homos ! Toujours les mêmes qui trinquent.

N’oubliez simplement jamais que les mots ont un sens. N’oubliez pas que de jeunes oreilles peuvent entendre ce que vous dîtes, et que vos propos pourront avoir des répercussions à vie sur un.e jeune homosexuel.le.

Givenchy : qui remplacera Clare Waight Keller ?

Vendredi 10 avril. Séisme sur la planète mode. L’organza et le polyester sont en ébullition. Givenchy annonce qu’elle se sépare de sa directrice artistique star Clare Waight Keller, après trois ans d’excellence (ou presque). La créatrice de la robe de mariée de Meghan Markle tire sa révérence.

Et oui, même le coronavirus ne peut stopper le turn-over infernal des créateurs et des maisons de couture. Cette fois-ci, c’est une nouvelle qu’aucune Madame Irma de la mode n’avait vu venir : Clare Waight Keller s’en va de Givenchy. Trois ans après son arrivée à la tête de la direction artistique, la Britannique qui s’était fait connaître chez Chloé, se fait remercier. Il faut dire que les créations de la designer de 49 ans ont été scrutées à la loupe lors de son arrivée. Elle succédait à Riccardo Tisci (aujourd’hui chez Burberry) qui avait donné un souffle nouveau à ce temple vieillissant. Et malgré de divines prouesses en haute couture et l’élaboration de la robe de mariée de Meghan Markle en 2018, Clare Waight Keller n’a pas réussi à incarner suffisamment la griffe. Des collections de prêt-à-porter très inégales, une identité floue et une inspiration bancale… Bref, la marmelade britannique n’a pas pris.

Touchée par cette décision, la principale intéressée à tenu à s’exprimer dans un communiqué : «En tant que première femme à devenir directrice artistique de cette légendaire maison, je me sens honorée d’avoir eu l’opportunité de chérir son héritage et de lui donner une nouvelle vie, écrit celle qui a fait ses débuts chez Calvin Klein. Se concentrer sur ce monde de la haute couture a été l’un des points forts de mon parcours professionnel. J’ai partagé tant de moments incroyables avec les brillants ateliers et équipes de design de Givenchy: votre talent exceptionnel et votre dévouement resteront à jamais gravés dans ma mémoire. Mes remerciements les plus sincères vont à chacun des héros et héroïnes méconnus en coulisses, pour leur contribution (..). Sans vous tous, je n’aurais pas pu donner vie à ma vision de Givenchy d’une manière aussi belle.» Clare Waight Keller quitte la maison, avec tout de même un prix de meilleure styliste britannique de l’année dans ses cartons, remis des mains de la duchesse de Sussex en 2018.

Alors qui pour prendre le trône ? Qui aura la gargantuesque tâche de faire vivre la maison après le départ de CWK ? Les paris sont dors-et-déjà lancés alors que Sidney Toledano, PDG du groupe LVMH Fashion , a annoncé que les nouveautés seraient communiquées plus tard. Premier nom à enflammer les rumeurs : Alber Elbaz. L’une des figures les plus respectées des trente dernières années, et indissociable de Lanvin. Près de cinq ans après son départ de celle-ci, le retour d’Alber Elbaz est attendu comme Britney en 2008. Son esthétique raffinée, ses silhouettes ultra-fémines manquent à tous les aficionados du glamour et il serait effectivement un candidat plus que redoutable pour le poste. Autres noms énoncés, Simon Porte Jacquemus et Olivier Rousteing. Qu’on soit clair, si l’un des deux obtient la place de DA de Givenchy, je ferme boutique et m’en vais en Meurthe-et-Moselle gérer une boutique Kiabi. Non pas que je n’aime pas ce qu’ils font… (long silence). Mais ces jeunes pousses de la couture se feraient complètement bouffer par le paquebot qu’est Givenchy. A-t-on vraiment envie de voir des robes en crochet chez Givenchy ? Please, non. Quant à Maria Grazia Chiuri, je prie déjà tous les saints pour qu’elle quitte rapidement Dior, ce ne serait pas pour la retrouver chez Givenchy.

Enfin, un nom évoqué sur le compte Instagram @Veugue m’a fait tilter. Il s’agit de Matthew Williams. Son arrivée serait sérieusement envisagée dans les couloirs de LVMH. Il est le fondateur du label Alyx et directeur artistique de « Haus of Gaga », le collectif d’artistes et de créateurs qui entourent Lady Gaga depuis 2008. On lui doit notamment les looks de scène de la chanteuse entre 2008 et 2010. Aujourd’hui Matthew Williams a 48 ans et s’est fait un nom dans ce petit mondé looké. Il a notamment collaboré avec Kanye West et a été finaliste du prix LVMH en 2016. Son label Alyx voit toutes les sous-cultures s’embrasser, du street à l’esthétique clubbing en passant par le tailoring. Clairement dans l’air du temps. Alors pourrait-il être l’élu de Givenchy ? Rien n’est moins sur, pourtant j’y verrai un signe d’audace et une réelle volonté de la part de la maison de s’offrir un bon lifting. Williams a l’expérience et les épaules nécessaires, mais également la fougue et l’imprévisibilité essentielle pour que Givenchy survive en 2020.

Rien ne va plus, faîtes vos jeux.

Pourquoi c’est iconique #1 : Lindsay Lohan, la lolita désenchantée

Le 31 mars dernier, explosion de pop culture. Lindsay Lohan est de retour. La légende des années 2000 renaît de ses cendres et sort un nouveau single baptisé « Back to me » (en bas de l’article). Tout un symbole pour celle qui a côtoyé les cieux il y a 15 ans, avant de se brûler les ailes trop rapidement. Cette nouvelle m’a tellement enchanté, ravivant une passion Lindsay Lohan toujours ardente, que j’ai décidé de lancer ce nouveau format. Premier focus, donc : pourquoi Lindsay Lohan est-elle iconique ?

Née en 1986, la rouquine armée de ses craquantes tâches de rousseur débute sa carrière à 3 ans. Oui, c’est tôt et visiblement ça laisse des séquelles. Lindsay Lohan tourne dans des publicités et intègre un soap-opéra en 1996. Puis c’est à 12 ans qu’elle connaîtra son premier rôle populaire. Ou plutôt ses premiers rôles puisqu’elle incarnera les jumelles Hallie et Annie dans le long-métrage Disney « A nous quatre ». Le film est un succès. Lindsay Lohan intègre donc l’écurie Disney (qui cause tant de ravages) et signe pour trois autres projets. Parmi eux : « Grandeur nature » avec le supermodel Tyra Banks ou encore l’excellent « Freaky Friday » aux côtés de l’immense Jamie Lee Curtis. Bref, la carrière de Lindsay Lohan ne connaît aucune embûche, et elle devient aussi populaire à travers le monde que les Britney (on y reviendra lol) ou Justin Timberlake de l’époque.

Sa carrière explose enfin en 2004 lorsqu’elle est choisie par Tina Fey pour incarner le rôle de sa vie. Elle devient Cady Heron dans la truculente comédie « Lolita malgré moi » (« Mean Girls » pour les puristes) et joue aux côtés de Rachel McAdams, Lacey Chabert et Amanda Seyfried, jeunes premières à l’époque. Pas besoin de vous expliquer le scénario de ce chef-d’oeuvre, sinon qu’est-ce que vous foutriez là ? En gros on est sur le « Scarface » des pestes de 2004, avec plus de nombrils apparents et de répliques acerbes. Et en parallèle, Miss Lohan qui est solicitée de partout et a les yeux plus gros que le ventre se lance dans la chanson. It-girl oblige, son premier album « Speak » est un raz-de-marée auprès des adolescents mais est complètement descendu par la critique. Genre les Inrocks n’aiment pas « Rumors » de Lindsay Lohan ? Cheap.

La gloire entraîne le trop, elle sort son deuxième album « A Little More Personal (RAW) », qui passe un peu plus inaperçu que le précédent. Elle tente de se consoler dans le cinéma, son premier amour, en jouant en mai 2006 dans le  film « Just My Luck », qui connaît un succès mitigé. Elle s’illustre ensuite en 2007 aux côtés de Jared Leto dans « Chapter 27 », où elle campe l’amie de l’assassin de John Lennon. En somme, elle enchaîne les navets jsuqu’au thriller « I know who killed me », un flop monstrueux, qui lui vaudra le Razzie Award de la pire actrice. Pas à son top la Lindsay.

Clairement, elle ouvrira à ce moment la porte vers les enfers. Elle enchaîne les petites productions anonymes et les échecs. Elle tourne dans le clip du groupe NERD « Eveyrone nose », une claire référence à la consommation de cocaïne. Oui, ce n’est plus un secret pour personne à ce moment : Lindsay est une grande amoureuse de la poudreuse. Un an plus tôt, en 2007, elle est arrêtée ivre et en possession de cocaïne au volant de sa Mercedes. L’ex-lolita écope d’une journée de prison. Une sombre période pour la party girl qui créera pourtant les moments de pop culture les plus mythiques avec ses deux meilleures amies de depuis 2004 : Britney Spears et Paris Hilton. La trinité infernale. Les nanas ne se tiraient clairement pas vers le haut, mais faisaient les choux gras de la presse people. Pourtant en 2006, le pouvoir des trois est dissolu lorsque Lindsay Lohan (clairement défoncée) affirme devant les paparazzis que Paris Hilton l’a blessée avec un verre, puis l’insultant gentiment de « salope ». Depuis, les deux femmes se vouent une haine sans nom.

Jamais à cours d’idées, Lindsay Lohan se dit en 2009: « Tiens, si je tentais le même coup de poker que Victoria Beckham » ? L’éternelle Cady Heron est alors embauchée comme co-directrice artistique de la marque italienne Emanuel Ungaro. Un désastre. Sa collection est démontée par la critique et encore considérée aujourd’hui comme l’un des plus grands blasphèmes fait à la mode. Du monde de la couture italienne, Lindsay Lohan en aura tiré une nouvelle addiction : la chirurgie esthétique. La star se métamorphose jusqu’à devenir presque méconnaissable. En 2011, sans doute à cours d’écus, elle accepte de poser nue pour le magazine « Playboy » contre la somme d’un million de dollars. La même année, elle est condamnée à quatre mois de prison pour violation de sa conditionnelle dans une sombre histoire de vol de collier. Être et avoir été…

Les années 2010 sont donc très calmes pour Lindsay Lohan. En 2013, elle en était déjà à sa sixième cure de désintoxication. Elle tente des petits retours comme invitée dans « Glee » ou « 2 Broke Girls ». Depuis, c’est un quasi néant. En 2017, elle fait part de son souhait de tourner les suites de ses block busters : « Freaky Friday » , « Lolita malgré moi » et « La Coccinelle revient ». En 2019, elle lance sa télé-réalité « Lindsay Lohan’s Beach Club », qui dévoile la création de sa propre discothèque à Mykonos sur MTV. Devinez quoi ? C’est un flop.

Mais, finalement, le phénix renaît de ses cendres. Lindsay Lohan, qui a dégonflé un peu des lèvres, dévoile son nouveau single « Back to me ». Un single pop, dansant avec des paroles évocatrices :  » Quand la vie devient plus difficile et que l’esprit devient plus sombre / Rappelez-moi qu’il n’est jamais trop tard / Parce que je sais que j’ai coulé trop profondément / Et je sais que je voulais partir / Il est si facile de partir « . Assurément, on n’est pas sur un « Bohemian Rhapsody », et ce n’est pas ce qu’on demande à Lindsay Lohan. Le clip n’est quant à lui pas encore sorti. Espérons qu’il soit aussi iconique que sa carrière.

Ce que veulent les confinés : fantasmes de liberté

Déjà plus de trois semaines que la France et la moitié de la planète sont confinées. Chacun chez soi, chacun pour soi. Alors qu’il nous reste encore quelques bonnes semaines à tenir, on rêve déjà de ce que nous offrira la liberté lorsque cette épreuve sera passée. Sortir, oui. Mais pour faire quoi ? Je vous ai posé la question.

Sur mon compte Instagram (@matthieudeliere), j’ai demandé à ma petite communauté ce qu’ils allaient faire lorsque enfin le glas du confinement sonnerait. Oui, plus de trois semaines sans -presque- voir le soleil. J’exagère, mais vous saisissez l’idée. Les fantasmes de l’extérieur se font grands, obsédants, oppressants. Parfois, je ne pense qu’à ça et puis je me rappelle du temps qu’il nous reste encore cloisonnés. La chute. La liberté serait-elle donc la plus addictive des drogues ? Certainement : « Sortir », m’a répondu une amie. C’est concis et plutôt clair. J’ai lu : « Une binche en terrasse », « Aller à la plage », « Faire du skate », « Prendre un verre à la plage et voir un coucher de soleil » (oui, j’ai un latin lover dans mes abonnés) ou encore « Boire une bière dans un parc et sortir un outfit préparé depuis 45 jours »… Pour la petite histoire cette dernière personne avait fait un comas éthylique à mes 18 ans. Que de souvenirs de liberté.

La majeure partie des réponses n’envisagent pas d’immenses projets. Simplement de retrouver son rythme de vie, retrouver ses amis. « Réunir la bande à Bono et boire à tes côtés une bière bien fraîche au Pinardier », s’est exclamé mon meilleur ami. « Danser sa mère », « Boire en terrasse et me promener partout » (décidément l’alcoolisme sera un effet secondaire), « Un restaurant »… Des choses simples. Mais aussi des requêtes plus farfelues.

« Reprendre ma PrEP », « Montrer mon cul partout dans le métro », « Marcher avec allure dans les rues de Paname pour aérer mon esprit et mes nouveaux outfits »… Des Carrie Bradshaw exhibos, on adore. L’appel du sexe est aussi très fort. Ces semaines de chasteté pèsent visiblement sur le moral des troupes. J’ai pu lire : « Danser sur de la musique très forte entourée de mes amis et me taper un BG en rentrant », « Manger des sushis et faire l’amour avec mon mec », « Une énorme orgie »… Ça promet.

Et puis il y a Clémence. Ma meilleure amie, mon tout, mon rien, mon poumon gauche. Je me devais de consacrer un paragraphe à ses réponses. Tout dans la mesure et la proportion. Elle m’écrit premièrement : « Pleurer ». J’imagine tout le drama de cette scène et je ris à n’en plus pouvoir. Elle enchaîne sur une tragédie gréco-romaine : « Voir ma psy », dit-elle désespérée (mais toujours aussi drôle). Puis elle arrive à des choses plus sérieuses : « Retrouver mes amis, fumer des clopes, boire du vin ensemble », « Te faire des câlins, te caresser la nuque » (elle est fétichiste de ma nuque), « Profiter de l’été »…

Ha oui, l’été. L’été loin de tout ça. L’été tous ensemble, à se choper dans un club moite, à courir dans les rues caniculaires de Paris au mois d’août, à rire sur des histoires qu’on raconte pour la 100ème fois. Allez, chaque jour qui passe est un jour de plus vers la liberté (on dirait du Calogéro, j’ai honte).

La mode va-t-elle survivre au coronavirus ?

La mode est un milieu superficiel. C’est ce que l’on entend, ce que l’on nous rabâche depuis des siècles. Et dans cette bulle Covidienne que nous nous sommes créés depuis le début de la quarantaine, la sentence nous saute aux yeux : la mode pourrait être vouée à disparaître.

«N’achetez que l’essentiel», «ne vous déplacez que pour l’essentiel»… Ce sont les mots du gouvernement depuis qu’on nous a foutus entre quatre murs. Qu’est-ce que l’essentiel ? Manger. Boire. Survivre. On s’éclate. En dehors de ces besoins primitifs, on se rend compte que l’on peut se passer de beaucoup de choses. Oui, j’étais le premier choqué de me rendre compte que je peux vivre sans me commander 100 balles de fringues sur Asos par semaine. Et que la dernière collection de Mugler n’est pas forcément nécessaire à mon équilibre psychique. Quel drame. Une vie basée sur des foutaises.

Emanuele Farneti, rédacteur en chef de l’édition italienne de Vogue, a d’ailleurs parlé de ce phénomène au podcast de Business Of Fashion. « Aurons-nous encore besoin de mode ? Aurons-nous encore besoin d’acheter plus de vêtements ? Est-il toujours judicieux de traverser d’un pays à un autre pour assister à 15 défilés de mode ? Il y a beaucoup de questions et c’est le moment de commencer à discuter. »

Il y aura un avant et un après. C’est sûr. Beaucoup de personnes disent qu’il faut se recentrer sur soi-même en cette période de confinement, afin d’être une meilleure version de soi-même en sortant de cette aventure. Je ne pense pas que ce sera aussi simple. Je pense même d’ailleurs qu’on va tous reprendre très rapidement nos petites habitudes égoïstes. Mais il y aura un changement par rapport aux conséquences, aux dommages de la pandémie. L’industrie de la mode est meurtrie. En France comme en Italie, la majeure partie des sites de production ont fermé. Le temple du chic Chanel a été contraint de fermer ses portes : « Chanel a pris la décision, conformément aux dernières instructions du gouvernement, de fermer progressivement, pour deux semaines, tous ses sites de production en France, en Italie et en Suisse ainsi que ses ateliers de Haute Couture et de prêt-à-porter, d’artisanat et de joaillerie », peut-on lire dans un communiqué. C’est dramatique et pourtant ce n’est rien à côté de la guerre que mènent les équipes médicales contre cette vicieuse Miss Corona.

Les calendriers très stricts (et farfelus) qui régissent la mode seront eux aussi sans dessus-dessous. Ils le sont déjà à vrai dire. Bien sûr, cette saison printemps-été sera abominable. Les marques vont perdre de l’argent à foison. La saison automne-hiver ne sera peut-être pas meilleure dû aux retards de livraisons des collections en boutique. Un calendrier infernal qui pose de sérieuses questions sur l’avenir à long terme de la fast-fashion. Une mode plus éthique, plus localisée en France, serait bien plus solide face à des crises comme l’épidémie de coronavirus.

Mais la mode, ce milieu si pervers, si mesquin, si impitoyable, a su montrer toute sa générosité durant cette période sans précédent. LVMH a été parmi les premiers grandes voix à proclamer sa solidarité avec le milieu hospitalier en réquisitionnant les usines de production de ses grandes marques, dont Dior ou Guerlain, pour fabriquer des gels hydro-alcooliques. Le groupe rival, Kering, s’est joint à l’initiative pour annoncer que les usines de Saint Laurent et Balenciaga se consacreraient à l’élaboration de masques : 1 100 000 masques et 55 000 blouses seraient envoyés aux hôpitaux dans les prochaines semaines. Du jamais vu.

Même constat du côté de la presse féminine. Les éditions françaises et italiennes de Vogue ont mis en ligne gratuitement leur numéros pour les prochains mois afin de contrer l’ennui du confinement. Le magazine ELLE (oui je reste corporate) n’est en reste puisque le prochain numéro rend hommage aux femmes en milieu hospitalier et sera distibué gracieusement dans les hôpitaux, pour les malades et les soignants, et ce pendant toute la durée du confinement.

Qui a dit que la mode était sans coeur ?

Sex & The Covid

Jour 3… Ou alors jour 4. Je ne sais plus. En fait moi j’ai commencé mon confinement dès samedi dernier avec juste une sortie à l’école élémentaire du 15ème arrondissement pour voter pour Queen Hidalgo. Sinon, aucune sortie. Rien. On a 23 ans et notre vie là, tout de suite, c’est de rester cloîtrer chez nous. Oui, on n’a jamais sauvé autant de vie qu’en matant pour une 32ème fois l’intégrale de « Glee ».

C’est dingue d’ailleurs comme je n’ai jamais autant eu envie de sortir dehors que depuis qu’on nous l’a déconseillé. Normalement, les dimanches avec ma meilleure amie on a tout le temps la flemme de sortir. Gueule de bois ou non, d’ailleurs. On se fixe toujours 100 000 plans, mais on finit par s’échouer devant le replay de « The Voice ». Je rêve à l’instant d’aller faire une expo, ou même d’aller chercher un colis au point relais. On se fait chier, c’est fou. Je sais maintenant ce que ressentait Amélie Neten lors des dernières semaines dans Secret Story. Quoique, elle au moins elle avait Senna.

Mais je ne suis pas le plus à plaindre. Je travaille, heureusement. J’écris tous les jours pour ELLE. Ça me garde occupé et j’essaie de penser à autre chose comme ça. Quoique… Il faut qu’on essaie de trouver des angles percutants avec le contexte actuel. Parce que clairement parler de la nouvelle collection Zadig & Voltaire ça fera une belle jambe à tout le monde. Alors j’ai eu la brillante (ou la pire) idée de poser la question « Doit-on rester en jogging pendant le confinement ? ». Ça parait, dit comme ça, la question la plus superficielle du monde. Pourtant c’est une interrogation pour moi, en premier lieu. Est-ce que je dois m’habiller, même si je ne vais pas au travail ? La réponse est oui. D’ailleurs l’article a fait le buzz, mais je suppose que les gens ne l’ont en majorité pas lu (alors qu’il était vraiment super).

J’étais plutôt très content quand on nous a annoncé que l’on ne venait pas au travail vendredi dernier. Le télétravail ça veut dire 1h30 de sommeil en plus sans parcourir les couloirs puant de pisse de Saint-Lazare. Vous voulez que je vous dise ? Le joueur d’accordéon de la ligne 12 me manque. Mais on s’y fait et je tente alors de divertir les gens (et moi-même surtout) à coup d’articles un peu rigolo et de reviews sur mon compte Instagram. Mais tout paraît en suspend. Comme si moi j’étais mis au placard, qu’on me faisait une farce et que le monde marchait tout normalement. C’est vraiment bizarre comme sensation.

J’ai jamais autant eu envie de faire des dates aussi. A tous mes rendez-vous Tinder à qui je n’ai pas re-proposé de second verre, je vous demande de me pardonner. J’étais dans l’ignorance. Avec mes collègues on rigole aussi sur le syndrome de « la dickpic en période de confinement ». Le sexting est tout ce qu’il nous reste, alors autant se faire plaisir. Je pense d’ailleurs que je les répertorierai dans un album souvenir, comme ceux datant de la guerre.

Et puis mes amis me manquent. Le beau temps me rend encore plus nostalgique. J’ai follement envie de me caler en terrasse, lunettes de soleil sur le nez, une blonde entre les lèvres, à refaire le monde comme si notre avis avait un quelconque impact. Peut-être qu’en ressortant de cette aventure (oui je suis vraiment dans le thème téléréalité), on profitera dix fois plus des instants partagés ensemble. En tout cas, j’en rêve.

Voilà, c’était mon moment Carrie Bradshaw en quarantaine. Oh tiens, si je refaisais toutes les saisons ?

Fashion We(a)k

Paris a (enfin) dit bye-bye à ses kilomètres de podiums, ses mannequins aussi talentueux que prétentieux et ses couturiers dantesques. Après une très longue semaine de défilés dans la capitale de la mode, la Fashion Week s’en est allée. Et ça tombe bien car, pour la première fois, je l’ai traitée en long, en large et en coulisses. Epuisante et passionnante Fashion Week, tout ça sur fond de coronavirus fashionisé et mystifié.

Oui, je vous entends déjà : la Fashion Week c’est « tout le temps ». En fait, c’est vrai et c’est faux. Retiens juste que celle qui vient de se terminer était très importante car elle détermine ce que les femmes -et pas que, Dieu merci- vont porter à l’automne-hiver 2020/2021. Je l’attendais avec énormément d’impatience cette fameuse semaine. Comme tu le sais sûrement j’ai fait mon grand retour chez ELLE. Comme Moïse après sa traversée du désert, j’ai retrouvé du travail et… une vie. Qui dit grand magazine dit accréditations pour les défilés. Enfin, je vais pouvoir faire mon travail de journaliste mode. Je vais pouvoir interviewer des designers, juger les collections et écrire des critiques. Bref vivre mon rêve, plus seulement au travers de mon compte Instagram. Mais en vrai.

En une semaine j’ai eu la chance de rencontrer Marine Serre, d’assister à son défilé et de rater mon interview d’elle… Je me suis rattrapé sur le défilé et les backstages de Mugler où Bella Hadid m’a regardé dans les yeux (c’est peut-être un détail pour vous mais pour moi ça veut dire beaucoup). J’ai frétillé de plaisir lors de mon interview de Andreas Konthaler, le mari et directeur artistique de Vivienne Westwood, pour finir en apothéose sur mon entrevue avec Stella McCartney. Un moment hors du temps. Imaginez, la fille de Paul McCartney et créatrice la plus iconique de sa génération qui me parle droit dans les yeux à 3 centimètres de mon visage. J’essayais d’imprimer cet instant dans ma mémoire. Lorsque notre rencontre s’est conclue, je me suis dit que je devais lui adresser un mot personnel. Je lui ai expliqué simplement que lorsque j’étais jeune, je me sentais différent et j’étais victime de harcèlement. Mon seul rêve à cette époque était de devenir journaliste de mode et, entre autres, de l’interviewer. Elle m’a pris dans ses bras, m’a congratulé avec des étoiles dans les yeux et m’a promis que l’on se reverrait. J’en tremblais. C’est pour ces moments absolument inimaginables que j’ai ce métier.

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Assez de pathos pour aujourd’hui, on va essayer de faire une review rapide de cette semaine de la mode parisienne. Qui était faible. Vraiment pas terrible, terrible. Si le défilé punko-napoléonien de Vivienne Westwood m’a conquis, le défilé Dior m’a à nouveau laissé stupéfait d’effroi. Comment peut-on laisser couler ce temple de la couture sans rien faire ? Sûrement pas en écrivant trois pauvres messages féministes sur des tee-shirts vendus à 3000 balles. Ah et au fait, non, « toutes les femmes ne sont pas clitoridiennes », car « toutes les femmes n’ont pas forcément de clitoris, et toutes les personnes qui possèdent un clitoris ne sont pas nécessairement des femmes », comme le dirait si bien Ari de B. #translivesmatter

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L’antre du bling-bling Balmain m’a bluffé, une fois de plus. Entraînée par le phénoménal Olivier Rousteing, la maison a proposé des silhouettes culottées, sulfureuses et recherchées. Et alors que je ne jurais que par Casey Cadwallader pour Mugler la saison dernière, ici, j’ai été déçu. Comme si il avait ressorti la même collection, avec des manches longues pour l’hiver. On veut que ça bouge. On veut que ça provoque, que ça nous coupe le souffle comme chez Balenciaga, que ça nous dilate les pupilles comme chez Givenchy.

Fashion Week faiblarde, mais Fashion Week quand même.